Mardi soir, le SPO Rouen a assumé son rôle de favori face à Auch en l'emportant en quatre manches.

La tâche n'a pas été facile pour Marko Jevtovic opposé à un Enzo Anglès très accrocheur (photo Stéphanie Jaume)

 

L'essentiel

Ils voulaient l'emporter pour la troisième fois de la saison à domicile. C'est fait. Rapidement aurait été parfait. Là encore, objectif atteint. A n'en pas douter, le SPO Rouen, en battant 4-0 Auch mardi soir au gymnase Pélissier, a non seulement déjà fait un grand pas vers son maintien en Pro B mais a également pu tester sa capacité à s'adapter à une position jusque-là inconnue : celle du favori.
 
LE TOURNANT DU MATCH

On n'en sera persuadé qu'après la rencontre, mais Enzo Anglès, malgré son classement (n°263), était bel et bien l'Auscitain le plus accrocheur. Dès l'entame, il aurait pu faire douter Rouen, dont la victoire face à Auch était désormais la seule issue autorisée quand les précédentes relevaient de la bonne surprise de la part d'un promu. Au troisième set, Marko Jevtovic face à lui a déjà cédé à deux reprises (8-11, 11-5, 13-15). La situation est d'autant mal engagée que le Serbe est mené 2-5 dans la quatrième manche. Il aura suffi de deux phrases pour inverser la tendance. « Je lui ai simplement demandé de refermer le jeu et de le prendre à son compte », détaille Guillaume Marais. Plus facile à dire qu'à faire pour un joueur grippé qui a eu bien du mal à porter à son terme sa séance d'entraînement de la veille. Pourtant le n°47 enchaînera par un 4-0, jouant plus directement. Remporter ce quatrième set (11-7), puis le cinquième, sans n'avoir, cette fois, jamais réellement été mis en danger, ouvrira la voie à des Rouennais épargnés par le complexe de supériorité.

LE ROUENNAIS DU MATCH

Perclus de douleurs, il restera de longues minutes assis à sa place sa serviette autour du cou alors que coéquipiers et spectateurs parmi les 300 présents au gymnase Pélissiser viennent le féliciter. Comme face à l'Isséenne, Eric Varin vient de remporter sa deuxième rencontre de la soirée, apportant à la belle la victoire au SPO Rouen. Après s'être effacé 11-2 au quatrième set face à Enzo Angles, qui avait déjà fourni une sacrée résistance face à Jevtovic en ouverture de soirée, Eric Varin retourne la situation et trouve les dernières ressources pour en finir presque au sprint (11-4). Il était temps car en plus d'une conjonctivite, l'ancien international français souffrait depuis quelques échanges d'un point de contracture à la cuisse gauche. « Il y a trois semaines, j'étais touché à la cuisse droite. Cette fois, j'ai peur que cela soit plus douloureux. La trêve va me permettre de récupérer physiquement comme mentalement. »
 

CHRISTOPHE FRéBOU

A Rouen, SPO ROUEN BAT AUCH 4 A 0

Marko Jevtovic (n°47) bat Enzo Angles (n°263) 3 sets à 2 (8-11, 11-5, 13-15, 11-7, 11-8) ; Eric Varin (n°49) bat Xu Gang (n°65) 3 à 1 (11-7, 11-8, 8-11, 13-11) ; Alexandre Robinot (n°161) bat Benjamin Brossier (n°133) 3 à 0 (11-2, 11-4, 11-7) ; Eric Varin bat Enzo Angles 3 à 2 (10-12, 11-6, 11- 8, 2-11, 11-4).

Avant la dernière rencontre de l'année ce soir face à Auch, Dominique Fache, le président du SPO Rouen, fait le point après trois mois de compétition.

Dominique Fache est satisfait : « C'est une très bonne surprise pour tout le monde. Nous sommes venus en Pro B un peu timidement. Aujourd'hui, on est potentiellement deuxièmes »

Promu en Pro B, le SPO Rouen est l'incontestable surprise de la phase aller, en dépit des deux matches qui lui reste à disputer pour la terminer, contre Auch ce soir, et à Caen le 11janvier. De quoi ouvrir, peut-être, un nouvel appétit.

 
Etes-vous surpris par la bonne première partie de saison du SPO Rouen?
Dominique Fache: «C'est une très bonne surprise pour tout le monde. Nous sommes venus en Pro B un peu timidement, conscient de la valeur de ce championnat et avec un effectif renouvelé à 50%. Aujourd'hui, on est potentiellement deuxièmes puisqu'on a un match de retard sur Saint-Maur et Saint-Louis. La mayonnaise a bien pris. On a battu Saint-Maur (4-0), Metz (4-0), Issy-les-Moulineaux (4-2) et on aurait même pu vaincre Saint-Louis (3-3). On commence à avoir des certitudes.»
 

Vous attendiez-vous à ce qu'Alexandre Robinot, votre joueur de 15 ans, soit au niveau de la Pro B?
«Pas à ce point-là. Il a surpris tout le monde dès son premier match. Sa variété de coups est impressionnante. C'est un joueur d'instinct, qui surprend ses adversaires. Il va encore progresser. C'est intéressant car depuis Gatien, le tennis de table français reste dans l'attente de la relève, et Alexandre la symbolise. A la fédération, on parle de lui et de son frère (NDLR: Quentin, récent vice-champion du monde junior en double). Il est très bien encadré à l'Insep et par ses parents.»
 

Le maintien est-il toujours le seul et unique objectif du SPO?
«S'il n'y a pas de blessés, on peut peut-être viser le podium. Mais on va d'abord attendre la fin des matches aller. Il faut absolument battre Auch et Caen pour assurer définitivement le maintien. Mais ensuite, on sait que l'effet de surprise ne fonctionnera plus. Les autres équipes savent qu'Eric est revenu à son niveau, que Jevtovic est un des trois meilleurs performers de Pro B, et qu'Alexandre étonne tout le monde.»
 

Mais l'accession en Pro A est-elle envisageable?
«Nous possédons un des plus petits budgets de Pro B, et nous n'avons pas encore la certitude de le boucler. Une accession me paraîtrait prématurée, mais je ne vais pas non plus demander aux joueurs d'appuyer sur la pédale de frein. Si cette éventualité se présente, cela voudra dire qu'Alexandre aura fait une superbe saison, et qu'il mériterait de connaître la Pro A. On en saura plus vers le mois de mars. La Pro A, c'est autre chose: il faudrait rediscuter avec nos partenaires publics et privés, car il y a un vrai fossé entre les deux divisions.»

En tout cas, pour un sport en manque de reconnaissance en France, le tennis de table semble avoir la cote à Rouen. Davantage qu'ailleurs…
«Attirer du public était l'un de nos deux objectifs fixés en début de saison. Nous nous considérons comme des organisateurs de spectacle sportif. Mais l'intérêt de la compétition est évident, les spectateurs ne viennent pas seulement voir une démonstration de tennis de table. On a fixé des tarifs d'entrée attractifs (3€ pour les adultes, 2€ pour les moins de 12 ans). La saison dernière, en Nationale 1, avec des entrées gratuites, on tournait autour de 200 spectateurs, avec des pointes à 250. Cette saison, nous en sommes au double. La présence d'Alexandre attire, les gens ont envie de suivre sa progression. Vu le monde, on pourrait être tenté d'augmenter un peu nos tarifs, mais nous n'allons pas le faire. Ce soutien explique aussi nos succès à domicile. L'objectif, à terme, est de pouvoir jouer dans la salle annexe du Palais des sports, devant 600, 800 personnes. Compte tenu de notre affluence actuelle, je pense que ce projet est crédible.»

SPO Rouen - Auch, ce soir à 19h30, gymnase Pélissier.

SPO ROUEN: Marko Jevtovic (Ser, n°47), Eric Varin (n°49), Alexandre Robinot (n°161).
CP AUSCITAIN: Xu Gang (n°65), Brossier Benjamin (n°133), Enzo Angles (n°263) ou Xu Ji Peng (Chn, n°116).

Robinot remis sur pied

Absent de dernière minute la semaine dernière à Saint-Denis en raison d'une grosse grippe, Alexandre Robinot devrait faire son retour dans le trio rouennais ce soir, en lieu et place de Li Yong. Le junior s'est entraîné normalement à l'Insep le week-end dernier. Avec lui, le SPO entend s'imposer pour la quatrième fois cette saison face à Auch, mal en point en Pro B (1v, 1n, 4d), pour tutoyer un peu plus les sommets. « Après tous les bons matches qu'on a fait, ce serait dommage de se laisser distancer (par les équipes de tête). Gagner ce soir laisserait Auch derrière nous presque définitivement. La dynamique de la victoire nous donne de la confiance, et perdre contre une équipe à notre portée pourrait semer le doute », estime Guillaume Marais, l'entraîneur, qui sait pertinemment que cette opposition revêt des allures de match piège. « C'est la première fois que nous sommes dans la peau du favori, c'est un statut à assumer. Nous n'avons pas la prétention de vouloir gagner sur un gros score, mais si l'opportunité se présente de conclure rapidement, il faudra la saisir. Ceci étant, les classements des Auscitains ne reflètent pas leur niveau réel : Xu Gang est jeune et peut nous embêter, Brossier (Benjamin) a déjà battu Eric (Varin) aux individuels et Angles (Enzo) est junior 1, et peut nous surprendre comme Alexandre surprend les autres. »
 

Guillaume Marais, l'entraîneur du SPO Rouen, est très content de la prestation de Li Yong

 

Sans Alexandre Robinot (n°161), grippé et cloué au lit, le SPO Rouen est allé arracher le match nul (3-3) mardi à Saint-Denis, favori pour la montée en Pro A.Quatrièmes à un point du trio des Saints: Saint-Maur, Saint-Denis, et Saint-Louis, les Haut-Normands confirment qu'ils sont bel et bien la grosse surprise de la première moitié du championnat. Guillaume Marais, l'entraîneur, entend bien finir la phase aller en boulet de canon à l'aube des deux rendez-vous qui s'annoncent à la portée du SPO, contre Auch et à Caen.

 
Un nul à Saint-Denis, deux semaines après votre victoire contre Issy-les-Moulineaux (4-2): on ne va bientôt plus pouvoir parler de réussite, si?
Guillaume Marais: «C'est sûr qu'il y a plus que ça. En début de saison, j'avais dit qu'on ferait un bon championnat à condition d'avoir un bon leader. Marko (Jevtovic) assume son rang, Eric (Varin) sort de supers matches, Alex (Robinot) est au niveau de la Pro B et Li Yong commence à retrouver de la confiance.»
 

Comment le SPO Rouen s'y est-il pris pour neutraliser Saint-Denis?
«Li Yong a créé la sensation de la soirée en battant Marek Cihak (n°28, soit 68 places entre les deux joueurs). Le match s'est fini dans l'apothéose. Saint-Denis a voulu nous surprendre en plaçant Cihak en 3e position. Ils s'attendaient peut-être à gagner en six matches. Je pense aussi qu'ils misaient sur la présence d'Alexandre, et qu'ils voulaient éviter de mettre Cihak sur Marko. Comme j'ai mis Marko en deuxième position, cette opposition a quand même eu lieu, et Cihak a sorti une grosse prestation à la belle. A 3-1 pour Saint-Denis, et malgré un match absolument exceptionnel entre Eric et Jover (défaite de Varin 3-2), on savait que ça allait être très compliqué. Mais Marko s'est reconcentré pour gagner face Vostes, et Li Yong effectue un super-match.»
 

L'absence d'Alexandre Robinot n'a donc pas été préjudiciable au regard de cette grosse performance…
«Je suis vraiment content pour Li Yong qui est un garçon qui a besoin de confiance. Ça faisait longtemps qu'il n'avait plus signé une grosse performance, et retrouvé un niveau de jeu correct. Pour l'équipe, c'est une arme supplémentaire.»
 

Avec ce nouveau résultat positif chez le favori de Pro B, on risque encore de vous parler d'ambition à la hausse…
«Si on peut jouer quelque chose, on le fera à 200%. Les mecs prennent un pied pas possible à jouer ensemble. Ce championnat est fou. Six équipes peuvent prétendre à la montée en Pro A.»
 

A Saint-Denis, SPO Rouen et Saint-Denis 3 a 3

Eric Varin (n°49) bat Yannick Vostes (Bel, n°54) 3 sets à 1 (11-8, 7-11, 15-13, 11-4); Sébastien Jover (n°41) bat Li Yong (n°96) 3 sets à 0 (11-8, 13-11, 11-8); Marek Cihak (Rtc, n°28) bat Marko Jevtovic (Ser, n°47) 3 sets à 2 (12-10, 5-11, 11-7, 9-11, 11-3); Sébastien Jover bat Eric Varin 3 sets à 2 (11-9, 12-10, 9-11, 9-11, 11-4); Marko Jevtovic bat Yannick Vostes 3 sets à 1 (12-10, 7-11, 11-8, 11-6); Li Yong bat Marek Cihak 3 sets à 1 (12-10, 3-11, 11-7, 11-8).